Pour un sol riche

Entendu une intervention de Claude Bourguignon, ingénieur agronome en microbiologie des sols. "La nature sait faire pousser une forêt et l'homme casse les sols", énonce-t-il un brin provocateur. L'arbre, maître du sol, nourrit le sol par la chute des feuilles et des bois morts. L'humus se fait en aérobie (= à l'air) grâce aux micro champignons et aux bactéries. Ainsi le sol de nos forêts (sauf de conifères) s'enrichit naturellement. Les lombrics, plus de 250 au m² en sol très sain, font un travail considérable car leurs déjections (les turricules) font remonter des minéraux puisés dans le sous-sol, enrichis par leur digestion. Ce travail colossal forme la terre. Mais pour que tout se passe bien il faut que chaque élément soit à sa place: les bactéries et champignons qui ont besoin d'oxygène (aérobiques) pour décomposer les matières organiques doivent rester en surface. Donc pas de retournement du sol ni d'enfouissement de matières organiques. A cause du retournement ou labour, renouvelé année après année, la terre devient une matière inerte qui, pour être productive, a de plus en plus besoin d'engrais chimiques, rabaissant la qualité des aliments. A la longue les rendements diminuent et, les vers de terre et micro organismes disparaissant, le déséquilibre se poursuit. On estime que depuis 1900, 90% de l'activité biologique du sol a disparu dans les zones soumises à la culture intensive avec retournement. Les sols peuvent se restaurer mais avec plus ou moins de facilité selon l'usage qu'ils ont subi. Dans les zones de quasi-monoculture aux sols épuisés il peut falloir 40 ans ! En zone de polyculture et dans nos jardins, un sol se restaure en 5 à 10 ans si on y met les conditions: utilisation des paillis, de rameaux broyés, refus de la chimie et du bêchage… Le livre de Claude Bourguignon "Le sol, la terre, les champs" se commande aux éditions "Sang de la terre" ou sur www.lams-21.com